la Corse "corse"

Publié le par D.DllGnl

 



UNE CORSE ET UNE AUTRE CORSE

Ici comme ailleurs, mais sans aucun doute davantage encore du fait que celle-ci est non seulement une île mais aussi et tout autant une montagne et qu'elle est donc particulièrement sensible aux variations et aux contrastes météorologiques de l'air ambiant, le temps qu'il fait, l'atmosphère, le ressenti, la lumière, peuvent varier du tout au tout suivant que l'on se situe sur les plaines côtières du littoral ou à l'intérieur des terres. Alors que le soleil à son zenith assoiffe Ajaccio et dessèche la Gravona, écrase les Agriates sous une chape de plomb, embrase les rochers de Rocca Pina, il n'est pas rare que dans le même temps le tonnerre gronde sur les névés du Monte Cintu ou sur le Ritondu, tandis que, les villages blottis au pied du Renosu ou de l'Alcudina, à l'ombre des chênes verts ou des châtaigniers, respirent l'air frais d'un maquis encore verdoyant. Le randonneur doit se méfier de ces contrastes et, pour celui qui s'éloigne des sentiers battus, il est recommandé de savoir anticiper les "orages corses"(!), souvent soudains et violents.

De même en est-il de la façon dont on peut percevoir et considérer la Corse, suivant qu'on l'aborde de "l'èsteru" (*), aujourd'hui, avec un regard contemporain, dans l'espoir d'y trouver ce que l'on est venu y chercher, une "île de Beauté(s)" telle qu'elle lui fut promise, ou que Corse dans l'âme, Corse pétri de cette terre et des valeurs anciennes d'hier, il souhaiterait pouvoir s'y retrouver, à l'image d'un passé peut-être révolu, mais dont il voudrait voir perdurer l'image, les valeurs et la beauté, une Corse intérieure, une Corse née du plus profond d'elle-même.

En effet, deux vents contraires soufflent sur ses rives et en modifient radicalement la perception.

 

(*) "èsteru"= l'étranger

 

VENTS CONTRAIRES

En effet, météorologiquement ou métaphoriquement parlant, de par la nature même de la Corse, en tout point de la Corse, en tout Corse, soufflent deux brises contraires: d'une part "l'ambata" (*) ou brise de mer qui, dans la chaleur du jour souffle un air rafraîchissant qui porte de la mer vers les "piaghji" littorales et incite à profiter simplement de l'instant, au présent, et, le soir venu, dans le secret du for intérieur de chacun, "u muntese" (*) dit aussi "terranu" (*), brise de terre, venue de la montagne toujours proche et porteuse des senteurs du maquis, de la mémoire et de la voix des "anziani" (*).

Suivant que l'on considère l'une ou l'autre Corse, celle qui apparaît au premier regard à l'entrée du golfe ou à la descente de l'avion, celle-ci, citadine et touristique, que le Corse de l'intérieur, le Corse "paisanu" (*) ne voyait autrefois que par-delà de la cime de ses montagnes, et celle, villageoise et familiale,"pumuntinca" (*) d'où il vient et où reposent ceux qui lui ont donné le jour, celle que celui qu vient d'ailleurs oublie souvent de voir, suivant que l'on se place ici ou là, suivant que le regard porté sur elle soit celui de l' "étranger" ou de celui d'ici, "di sti lochi" (*), suivant que l'un ou l'autre observe l'une ou l'autre Corse, l'un comme l'autre y verra une Corse différente, voire contradictoire.

 

(*) "ambata" = brise fraîche venant de la mer / "piaghji" = plaines et coteaux du littoral, anciens villages saisonniers /  "u muntese" = brise venue des monts / "u terranu" = brise de terre /  "anziani" = les anciens, les ancêtres / "paisanu" = paysan, compatriote / "pumuntinca" = du Pumonte, d'au-delà des monts / "di sti lochi" = de la région /

 

LA CORSE LITTORALE

Oui, elle existe réellement cette Corse de la ville, des villes, des plaines côtières ensoleillées, de la mer, des plages...de la plaisance.

Oui, elle existe cette Corse buisonnière, "tutta camulata"(*), qui, depuis des décennies, a vu venir s'édifier sur ses collines littorales tant de villas où, quelques semaines durant, continentaux et autres vacanciers viennent s'évader, loin d'un ciel trop souvent maussade et de la vie trépidante de leur quotidien habituel qu'il leur faut, au moins une fois l'an, fuir à la recherche de quelque nouvelle "côte d'azur" dont ils importent dans leurs bagages le style et le mode de vie dont ils ont rêvé tout au long de l'année écoulée.

 

LIEN - la Corse vue de la mer - BILAN


Oui, elle existe cette Corse, où, à flux tendu, par vagues journalières, telle une marée que cette mer ignore, (mare nostrum),  débarquent croisièriste et plaisanciers et où se posent, passereaux d'un automne trop précoce, sur des terres autrefois infestées de zinzali (*) et abandonnées, retraités avides de dépaysement qui, le temps d'un été, submergeront le Cours Napoléon et feront le bonheur des commerçants de la rue Fesch et des restaurateurs des paillottes du bord de mer.

Oui, elle existe cette Corse où, comme jadis, cet air venu du large, généré par le soleil et le sable chaud, gonflait les voiles des pillards barbaresques, venus de l'au-delà de l'horizon assaillir cette terre et y répandre désolation et misère, c'est de nos jours, un vent nouveau, fait d'aisance et de profit, de fariente, de curiosité, d'envie de différence et d'ailleurs, qui, chaque année, pousse  jusque sur ses rivages mille et mille touristes, résidents temporaires de villas cossues, avides de paraître, de loisirs, de soleil et sable fin, ou modestes vacanciers pumataghji (*) à la recherche de quelque anse paisible où poser leurs soucis et bénéficier d'un repos réparateur bien mérité, ou ces visiteurs passagers, qui, du haut de leur siège, en quelque autocar "bon viaghju"(*), feront une brève incursion au delà des collines côtières et n'auront qu'entr'aperçu cette île et ses habitants, ne s'y arrêtant que l'instant de se restaurer ...

 

La Corse du touriste

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(*) "tutta camulata" = toute mitée, rongée (par l'urbanisation) / "zinzali" = moustiques / "pumataghji" = touristes (manguers de tomates..) / "bon viaghju" = bon voyage /

 


CORSE A LA MARGE

Mais aussi, et ne les oublions pas, oui, elle existe aussi cette Corse, à la marge littorale, qui, du Nord au Sud de l'île, en ses villes, autrefois modestes bourgades, voit affluer et se réfugier une jeunesse corse désorientée en quête de modernité et de confort et à qui elle ne sait procurer ni emploi ni logis...et, à contrario, nouveaux "beni stanti", venus du continent, venus d'ailleurs, il y a ceux qui, nantis par la vie, font retour au pays au nom d'une soit-disant corsitude dont ils aiment à afficher et clamer les origines, pour y exposer au soleil leur statut en profitant d'une vue insaisissable sur le golfe où se couche un soleil qui les a vus grandir sous d'autres cieux...

 

Ajaccio - la ville pour qui, art Avali blog

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Mais cette Corse, à elle même différente, n'est pas nouvelle et elle existe depuis des siècles. Les gênois en construisirent les fondations du temps de leur domination et les vicissitudes de l'Histoire en élevèrent peu à peu les murs qui l'éloignent des villages dont elle est née tout comme à "Sarté", dite "la plus corse des villes corses", les remparts séparèrent le monde des "sgii"(*) de celui du  du petit-peuple du "Borgu"(*).

Oui, elle existe cette Corse, tout un monde venu d'ailleurs, étranger et étrange, qui n'est pas à l'image des gens nés de cette terre, nés "muntagnoli" (*) et "campagnoli" (*).. et dont néanmoins la Corse a besoin pour exister aujourd'hui et là est le paradoxe vécu par celle-ci en ces temps dits "modernes".

 

rue Fesch - double

Rue Fesch

 

(*) "beni stanti" = gens aisés, nantis / "sgii" = les "Monsieurs", maîtres / "Borgu" = "le Bourg",ancien Ajaccio / "muntagnoli" = gens de la montagne / "campagnoli" = "campagnards", rats des champs /


NECESSITE

Car, en effet, la Corse, elle qui, en des temps très lointains et révolus, fut considérée comme "le pays du lait et du miel" et se suffisait à elle même, demeura trop longtemps en jachère "à dirudera", puis fut oubliée et délaissée et, aujourd'hui, celle-ci se voit contrainte d'"importer" une part de sa subsistance, de son "être-demain", et donc pour cela, il lui faut accepter d'en payer un certain prix, celui de la cession consentie d'un peu de son avoir, d'un peu de son "être", en échange, il est vrai, d'un à-venir encore incertain et qu'il lui revient de construire. Mais, terre d'accueil, elle le fut de tout temps et les gens d'ici, depuis la préhistoire,  sont eux-mêmes issus de ceux qui s'y ancrèrent venant de leur lointaine Phénicie. Encore faut-il néanmoins que les nouveaux-venus, les "ghjunghjuticci" qui s'y installent participent à sa renaissance et ne la spolient pas de ses terres comme cela est parfois le cas ou ne s'efforcent pas de lui imposer une culture qui n'est pas la sienne.

 

  Voir cette video du JT

 

 

(*) "a dirudera" = laissée en l'état, en jachère / "ghjunghjuticci"= les nouveaux arrivants /

 

CORSICA NOSTRA

Mais cette Corse-là, celle dont les photos séductrices invitent au voyage à toutes les pages des dépliants touristiques, cette Corse du sable doré, du "sole mio" et des flots d'un bleu intense infini, est-elle la "vraie", "la" Corse, celle qui fut vraiment transmise aux Corses par leurs anciens, celle dont ils ont bien conscience de n'être que les dépositaires et qu'ils espèrent pouvoir transmettre aux générations futures? N'est-elle pas, davantage, "une Corse" qui leur est "autre", "étrangère" ? Bien au contraire ne doivent-ils pas légitimement et effectivement s'efforcer de préserver et transmettre, à leur tour, une "autre Corse", sculptée par a "ghjenti nustrali" (*), comme on dit ici, dans la roche de cette terre depuis des millénaires mais toujours dressée, le regard tourné vers son avenir et, d'âge en âge, identique à elle-même.. "Corsica nostra" comme disait son chanteur en parlant de "sa" Corse, de "leur" Corse? ( il y a plus de 30 ans déjà !    )

 

(*) "a ghjenti nustrali" = les gens de chez nous, les gens du cru /

 

NON

Même si, quant aux paysages et sites remarquables, "ancu di grazia" (*), le vacancier à l'âme solitaire et curieuse peut encore découvrir et s'approprier, l'instant d'une halte, de nombreuses plages ignorées, criques secrètes, calanques sauvages et autres lieux côtiers non piétinés par le déferlement des transhumances estivales d'un tourisme béatement voyeuriste et ceci de par la difficulté naturelle d'accès à ces lieux et/ou les efforts et les actions menées par les Corses eux-mêmes (Scandola, Biguglia, Finocchiarola, i Lavezzi...etc) la Corse des Corses est "autre", la Corse des Corses est ailleurs et c'est ailleurs, plus intimement, qu'il nous faut errer pour aller à sa rencontre.

Non ce n'est pas cette Corse "importée", par vagues successives de Lucca ou de Genova, de Nice, Marseille et  "sse France" (*) comme disaient les vieux, puis, peu à peu, de toutes parts "continentalisée", chaque jour davantage, variolée de pustules disgracieuses qui une à une ronge le maquis des "piaghji" ancestrales abandonnées après avoir, autrefois, pendant des générations, permis de subsister misérablement à bêtes et gens d'ici...

Non ce n'est pas cette Corse "dénaturée" par la croissance anarchique des cités et l'implantation de ces villas qui, trop souvent, sacrifient un patrimoine fragile à la convoitise des promoteurs d'un monde nouveau...

Non ce n'est pas en cette Corse "asséchée" par la modernité que s'épanouit et fleurit "u muchju", le ciste corse, roi des bords de route et anciens chemins oubliés, qui plonge ses racines dans les fissures de la roche, ni que croît et se tord "l'albitru", l'arbousier des terres méditerranéennes et d'une Corse authentique...

Au maquis encore épargné des côteaux voyant affluer chaque année une marée nouvelle, premiers contreforts de la montagne corse, hier asile saisonnier des troupeaux et des bergers, trop longtemps pâturés par les animaux pour que les gens de ce pays puissent y demeurer, ne fleurissent plus que les buissons du "talavellu", l'asphodèle qui attire les abeilles butineuses et considérée par les anciens comme la plante qui fait le lien avec les morts, et se croise, se bouscule, une faune d'étranges étrangers à ce pays, bourdonnante et bigarrée, en un va-et-vient incessant d'une plage à l'autre, d'une carte postale à l'autre, du sable chaud au bitume, de la terrasse à l'échoppe, de souvenirs en souvenirs...

 

(*) "ancu di grazia" = heureusement  / "sse france" = ces "frances" (cf "les" Amériques  /

 

CORSE DE LA CAMPAGNE

La Corse "corse" est à découvrir, ou plutôt, à ressentir, à vivre, ailleurs, autrement, au contact de "a ghjenti corsa" (*), les gens d'une Corse trop souvent ignorée, oubliée, voire méprisée, quelque "razza" (*) qui, peu à peu, avec l'âge s'éteint, dans ses villages de l'intérieur que, malheureusement, ici comme en tant de hameaux et villages du continent, mais ici depuis plus longtemps déjà, la jeunesse corse elle-même tend à déserter, par nécessité ou pour satisfaire ses appétits de modernité.

Qu'ils vivent aujourd'hui "en ville" et souvent "sur le/(les) continent(s), les Corses sont nés de la campagne, de la campagne et la montagne corse, en ces "paesi campagnoli" (*), "paisoli muntagnoli"(*)  où leurs anciens ont vécu pendant des générations, où reposent à l'orée du maquis les "antenati" (*) de leur famille. Leurs racines ne puisent pas leur sève, "u suchju corsu" (*), en ces terres côtières, hier hameaux éloignés de leur commune d'origine et territoires communautaires, pacages insulaires (sur le continent on disait alors "les pâquis" pour nommer ces lieux de transhumance saisonnière (ici on dira "l'impiaghjera") et de co-propriété collective mais où, alors il fallait se préserver de la malaria transmise par les moustiques qui les infestaient.

 

(*) "razza" espèce / "paesi campagnoli" = villages campagnards / "paesi muntagnoli" = villages de la montagne / "antenati" = les ancêtres  / "u suchju corsu" = la sève corse, le suc / "impiaghjera" = le fait de la transhumance vers les "piaghji"  /


LE REFUGE D'UNE IDENTITE

Déjà leurs très lointains ancêtres torréens, eux-mêmes certainement venus d'ailleurs, (la population corse n'est certes pas née d'une génération spontanée...!), se protégeaient en leurs forteresses primitives des assauts venus de l'au-delà de la mer et, afin de se prémunir contre les multiples et sanguinaires incursions des pirates et pillards mauresques, des massacres, des déportations ou de la domination imposée par des puissances, des états, des cités continentales, peu à peu, les Corses se sont réfugiés au fond de leurs vallées et adossés leurs villages à la montagne pour mieux voir venir l'agresseur et prévenir le danger.

C'est à l'intérieur, dans la Corse de l'intérieur, par-delà la "serra" (*) des monts, qu'ils ont gravé dans la pierre de leurs tombes l'identité de ceux qui les ont vus naître, leur identité, celle que ceux-ci leur ont transmise, celle en laquelle ils se reconnaissent.

C'est à l'intérieur, en cette corsitude intérieure, que résonne encore aujourd'hui en eux les valeurs héritées, celles acquises tout au long de la lente évolution d'une société agro-pastorale, souvent misérable, vivant en autarcie d'un labeur souvent pénible mais honorable et fière de ce qu'elle est.

 

(/*) "a serra" = la chaine de montagnes /

 

L' ETRANGERE

Cette Corse, celle qui s'offre au premier abord, cette Corse que nombre de Corses demeurés pétris des valeurs qui leur furent transmises par leurs pères, par delà les errances parfois déplorables de ceux-ci sous d'autres latitudes, est, à leurs yeux, de peu de vertu et ils ne la considère que comme un mal nécessaire, un commerce de soi-même pour survivre. Ce n'est nullement là "leur" Corse, celle qu'ils aiment et chérissent plus que tout, celle qu'ils veulent protéger et préserver des maux de la modernité. C'est une "étrangère" en compagnie de laquelle ils se sentent mal à l'aise et dont ils se détournent pudiquement malgré ses avances. Mais elle est là, ils la croise quotidiennement et se contentent de tolérer sa présence...


MAIS AUJOURD'HUI N'EST PAS HIER

Il serait vain d'espérer quelque retour vers des temps révolus en un passéisme anachronique et stérile car aujourd'hui ne saurait être hier. Les anciens chemins qu'empruntaient paysans et muletiers, colporteurs et ménétriers ("bancarotti" et "cantatori campagnoli") et où s'égayait la jeunesse villageoise ont peu à peu été remplacés par les routes de notre contemporain et délaissés à la luxure du maquis et la colonisation envahissante de tout lieu abandonné par la fougère, la ronce, le lierre et "a leccia" (*), la yeuse vernaculaire qui s'est implantée en tout lopin de terre jadis cultivé, étouffant de son houppier dense toute autre végétation.

L'ânier, au soir du transport de sa dernière "sumerinata" (*) de la farine de châtaignes jusqu'aux villages voisins, a vendu, avec grande tristesse, ses 3 compagnons, qui jusque là lui avaient permis de gagner chichement mais honnêtement son pain quotidien, pour se payer l'espoir de lendemains meilleurs sur un continent étranger où il fera par la suite sa vie, loin de chez lui et des siens, de son village natal , attendant que vienne le jour de la retraite pour, enfin, revenir au pays.

La roue du vieux moulin, blotti au fond du vallon, a bientôt cessé de tourner, sa meule s'est tue et, dès lors, bien des savoirs ont été emportés au fil du fleuve et de l'oubli... "acqua passata ùn macina più" (*) !

Les temps ont changé et, par la force des choses, les hommes ont fait de même, mais, pour autant, s'ils ont "évolué" comme on le dit, doivent-ils pour autant ne plus être eux-mêmes ? Doivent-ils oublier d'où ils viennent et qui ils sont ? Doivent-ils devenir "autres" à eux-mêmes ? Se renier ? Nier leurs pères et leur nom ? Ne peuvent-ils donc pas, au contraire, être eux-mêmes aujourd'hui différents d'hier et, tout à la fois, demeurer comme hier, différents des autres ? Etre et s'affirmer tout simplement "Corses". Car, être différent(s), n'est-ce pas là ce que leurs pères se sont efforcés de préserver depuis des millénaires...? N'est-ce pas là le fondement même de tpute personnalité, de toute identité ? "Corse" aujourd'hui comme hier...? "Autre"..?

 

(*) "a leccia" = le chêne vert / "sumerinata" = transport à dos d'âne / "acqua passata ùn macina più" = l'eau déjà passée ne moud plus /

 


MA SEMPRI, PERDURA A CORSICA

Mais, à qui sait aller à sa rencontre, à qui sait la voir et l'entendre, elle existe toujours cette Corse authentiquement elle-même, ils demeurent ces Corses fidèles aux valeurs anciennes...

Au delà des apparences et l'impression laissée par un premier regard furtif, malgré la déception première éprouvée par celui qui,  au sortir de l'aéroport de Campo del oru, croisant des yeux cette Corse contemporaine, n'a pas reconnu le reflet de cette corsitude qu'il avait saisie dans le regard et au travers des récits de son père, que celui-ci avait lui-même puisée au regard  de sa mère et aux récits de son enfance, et  ne s'est pas  reconnu, lui-même, dans le miroir d'une jeunesse nouvelle, à la à la "vestitura" (*) uniformisée importée "des Amériques" ou de "ces Frances",  comme disait-on autrefois, ni dans cette ville, racoleusement fardée de lumières, où, sur la place Abbatucci, il ne retrouvait plus les gens d'hier, par delà la rancoeur de se sentir étranger, comme seulement toléré, dans la demeure de sa famille...

Malgré la fausse image qu'elle donne d'elle-même à celui qui ne fait que l'entrevoir, elle perdure et existe toujours néanmoins cette Corse authentiquement elle-même, péniblement et discrètement il est vrai, cette "autre Corse", au coeur de quelques amoureux qui lui demeurent fidèles, poètes et pasteurs que certains disent parfois un peu fous, rebelles désarmés face à un mal qui peu à peu gagne même ses hameaux les plus isolés, la ronge et menace sa survie. "Menestrelli" (*) et "sunatori paisani" (*) d'aujourd'hui, par leur voix qui résonne par delà les cimes, par leurs chants et complaintes, ils oeuvrent chaque jour au coeur de ses montagnes, campagnes et villages, s'élevant contre cette aliénation de leur terre et de leur être, avec leur accent tout à la fois rauque, rocailleux et chantant,  ils écrivent sa geste. Mais ils sont aussi, "pastori à l'usu di nanzi" (*), "à l'usu nustrale" (*), humbles "campagnoli"  qui savent encore se satisfaire d'une vie simple et sans artifices, se contentant de pouvoir être ce qu'ils sont mais fiers d'être et de demeurer "paisani corsi" , vivant de leur terre et leur modeste cheptel comme le firent jadis leurs aînés, parlant encore la langue qui leur fut transmise et porteuse des valeurs d'hier, "u fiatu corsu" (*), "u suchju corsu" , sans pour autant succomber à la tentation d'un repli sur soi-même qui ne saurait être que sclérosant mais libres de toute dépendance, chez soi, avec les siens, entretenant et améliorant la maison familiale en fonction des besoins et des possiblités.

 

(*) "vestitura" = façon de s'habiller / "menestrelli" = ménestrelles / "sunatori paisani" = musiciens des villages / "pastori à l'usu di nanzi" = bergers comme autrefois  / "à l'usu nustrale" = à la façon d'ici / "u fiatu corsu" = le souffle, l'âme corse /

 

 

LINGUA CORSA

 

O tù lingua meia - RINATU COTI
LA CORSE

A qui s'invite en cette île, en cette terre corse, au lieu de ne voir en elle que cette beauté insolente que Dame Nature lui a si généreusement donnée et qui fit de tout temps l'admiration de ceux qui la fréquentèrent ("Kalliste" (*) disaient-ils), au lieu de ne voir que celle qui se propose de satisfaire aux besoins et envies d'un tourisme devenu sinon indispensable du moins profitable à sa subsistance, à qui veut apprendre à connaître "la Corse" et ose l'aimer, il convient de ne pas s'arrêter au soleil de ses plages et lui tourner le dos car celle-ci est ailleurs, au-delà de l'apparence, en elle-même, à l'intérieur d'elle-même.

Ainsi donc, que celui-ci n'hésite pas à la suivre et errer avec elle dans son maquis, "a machja", à la recherche de ses ruines, de ses chemins perdus, de son histoire...et fréquenter "aghjenti corsa"  de ses villages blottis aux vallons de ses monts.

VENITE ......?
            Venez-vous...?

 

A SANTACROCI - MONTAGE GIF

Traduction

Cliquer sur la lettre correspondante

C...E...F...G...S...T...

 

écouteurs 02 -b " L'acqua viva "

(  Petru Guelfucci - album "Corsica"  )

TRADUCTION - l'acqua viva - MINI

 

 

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U
<br /> Magnifique et complet.<br /> <br /> <br /> Comme toujours<br />
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